Une fiction, un récit onirique, une ritournelle... Une expérience de possession ou une sorte de transe chamanique, dit Jean-Frédéric Brun dans la préface.
En tous cas, une écriture poétique, un rythme.
Et une ambiance intime, sensuelle. L'autrice explore et réexplore le désir, le corps.
Au matin il faudra séparer nos bras, quitter le désarmement qui nous a jetés ainsi, nus dans le lit. Et tu verras que ce n’est rien, que ça ne fait rien. Je t’écouterai lire des poèmes à voix haute sur la place du petit café. L’abîme que je traîne avec mes pas, que tu côtoies peut-être, ils ne les auront pas.
Ce thème est comme une toile de fond du livre Jamei aiga non cor capsús de Benoit Larradet. Les personnages sont peut-être inattendus : un sapin, un Indien et un Béarnais. Surtout, l'auteur joue avec le souvenir et l'oubli. Chacun se souvient de ce qu'il a connu et, pourtant, nous voyons comment les déracinés perdent la mémoire du passé.
Les personnages paraissent seuls. Toutefois, le sapin béarnais de la vallée d'Aspe comprend la langue de Talcaolpen le Querandis de la Pampa. Et l'Indien nous mène vers une terre inconnue : "Regarde, Talcaolpen, regarde comment les herbes changent d'un endroit à l'autre. Regarde l'empreinte discrète d'un passage où te menait ton père, encore enfant, jusqu'au nid d'un nandou où il volait ses oeufs. Regarde les racines et les graines dont les femmes savaient faire un diner ou une boisson de fête."
Tout change avec le dernier venu. Le gaucho béarnais qui se trouve à côté du mât (sapin), le temps a passé et il ne sait pas ce qui est arrivé le siècle précédent ; il n'a pas les clés de l'histoire. Souvenir et oubli...
Plus de vingt ans après sa parution – c'était fin 1996 – voici la nouvelle édition du premier roman d'Éric Gonzalès. L'auteur a retravaillé le style, changé des mots pour faire gagner à son roman plus de précision et de rythme. Ceux qui connaissaient la première version retrouveront avec plaisir le discours mysogine et arriéré du vieil institueur Deuvinhau... Les nouveaux lecteurs plongeront en neuf chapitres dans les décennies 70, 80 et 90 de la fin du XXe siècle.
Estela Comellas
------------
Extrèit deu libe:
Gelòs qu’èra un vilatjòt au ras de Pau. Adara, qu’an hèit lotissaments e shens aver a córrer briga, deu men casau enlà que podí véder, non i a guaire, un trentenat de villàs navas a bon compde, totas parièras, sarradas las uas contra las autas dens duas carrèras tòrtas qui arrecoteishen tà ua rotonda... E jo comprengoi que lo vilatjòt de quan èri mainada e devienè ua banlèga shens amna de la vilassa de Pau [...]
Edicions Reclams Administration - Secrétariat 18 chemin de Gascogne 31800 LANDORTHE Tél : 06 87 80 28 60 Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.